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Besançon, mon scepticisme et Bien Urbain 2012

Le 6 septembre 2012, je me suis rendue à l’inauguration de Bien Urbain #2012… Apparemment, c’était l’endroit où il fallait être ce jour-là… Du monde de la rue de l’ Ecole jusqu’à la place Marulaz, une rue barrée pour permettre un petit buffet, des coiffures déstructurée à 100€ la coupe hideuse ou des costumes avec dedans des gens qui sont là pour se faire voir… S’il y avait rien que tout ce monde dans la rue pour des manifs, ça changerait peut-être un peu plus de choses… Dans cette ambiance bobo-hipster-fashion, je n’ai pas pu tenir très longtemps, pas vraiment mon style, alors je suis partie avant le début de la visite guidée (de toute façon y’aurait eu trop de monde…) avec l’idée d’y retourner un autre jour…

D’abord,  la visite dans le quartier Battant, je l’ai faite toute seule après avoir repéré les lieux de peinture sur la carte interactive… Comme l’an dernier, j’ai été sceptique, parfois j’ai juste pas aimé et aussi choquée voire horrifiée de voir des pubs Bien Urbain dans des sucettes Decaux… Bref, après mon tour en ville, je me suis dit: « Pas de quoi casser trois pattes à un canard ! », même si pour les organisateur.ice.s, ça doit quand même être un gros boulot… de comm’…

Arpentant souvent la ville à la recherche de trésors muraux, j’ai pu remarquer qu’encore une fois, des graffiti (certains chouettes, d’autres moins) qui étaient sur nos murs depuis des années ont été effacés au profit des artistes invités par Bien Urbain… Et encore une fois, des tags à slogans politiques sont passés au karcher ou repeints d’un gris terne… avant d’être remplacés par des « oeuvres artistiques »… Mais peut-être que c’est ça la nouvelle stratégie anti-graffiti ? On invite des aaartistes pour que ell.eux effacent des graffiti et tags sans qu’on s’en rende compte, sous couvert « d’embellir  » les murs… Alors c’est sûr, c’est plus facile de peindre des trucs supers et super grands quand tu peux y passer 3, 4 voire 5 jours, en plein jour, avec tes échelles, tes photographes et toutes les autorisations nécessaires… Alors que le graffiti est puni par la loi, que dans la rue il faut peindre en speed, qu’une majorité de gens (et les autorités) passent leur temps à faire passer les graffeur.euse.s pour des délinquant.e.s qui « dégradent »… Et c’est bien dommage, parce que les graffiti donnent de la vie à la ville, lui enlèvent ce côté aseptisé et « propre » que les autorités voudraient lui donner, ils nous surprennent par leurs couleurs et les lieux où ils sont peints… De toute façon, si vous êtes amateur.ice.s de graff, n’en cherchez pas chez Bien Urbain, y’en a pas… Y’a de la peinture murale faite au pinceau et compagnie, y’a des installations avec du bois ou du plastique, y’a pas vraiment de couleurs…

Comme dit plus haut, j’étais sceptique alors pour pas mourir idiote, j’ai fait la visite guidée un dimanche soir… qui en soi est sympa – tu te ballades en ville pour voir des peintures, tu peux discuter et entendre les opinions des gens… – mais personnellement j’ai pas appris grand chose de plus…

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Série d’installations en bois de récup (heureusement) intitulée « Improbable » par Momo et Eltono dans tous les petits trucs, ouvertures, etc qu’on trouve sur les façades du centre-ville. Ca joue avec les formes et ça tient rien qu’à la position, sans colle, clou, vis… Alors, ça tient pas forcément longtemps, et des fois, y’a des objets qui s’ajoutent au fil des jours et des passant.e.s… C’est pas transcendant, mais c’est là, par ci par là, pourquoi pas…

Après l’édition 2011, pleins de graff et tags apparus sur le bas des pièces réalisées pendant Bien Urbain ont repeints comme par exemple sur « La propriété… ». En 2012 du coup, on peint des grilles sur les murs… et d’après la visite, si des graff sont peints à cet endroit, il est « prévu » de repeindre les grilles dessus… Effacer puis enfermer le graffiti… Mouais…

« Ne travaillez jamais »… j’aime l’idée. Le travail est une oppression, dans une société idéale, on ne devrait plus « travailler », mais on aurait sûrement à accomplir à tour de rôle des tâches nécessaires à la vie de tou.te.s,  on devrait pouvoir avoir des activités parce qu’on en a envie et qu’on en a le temps – qui nous manque tant aujourd’hui… Mais sur une caserne de pompiers, j’ai du mal à comprendre, parce qu’on a et aura toujours besoin de pompiers, parce que le feu ne disparaîtra pas même si on change la société… Et franchement, les pompiers il.le.s bossent à mort (et pour certain.e.s ça peut devenir tristement vrai), tout le temps, y’a qu’à entendre les sirènes dans la ville et il.le.s sont pas assez payé.e.s pour les risques qu’il.le.s prennent, pour nous… C’est là que j’ai aussi du mal avec la fourmi, parce que certes il.le.s bossent, et bossent, mais la paye ne suit pas vraiment et y’a forcément grand chose à garder une fois l’hiver venu… Et puis, je préfère les cigales…

Alors devant cette peinture, tu réfléchis… Pendant la visite, on m’a dit que c’était fait pour ça, qu’il y avait pas de sens précis donné à cette peinture et qu’on peut y voir ce qu’on veut, et j’ai beau chercher, ce que je vois ne me plait pas vraiment… A mon sens, quitte à mettre du politique (parce que « ne travaillez jamais », c’est hyper politique), autant y mettre un sens, s’engager vraiment et là, pour moi ça manque…

Ca c’était plus cool, un petit hommage à la caserne (qui était en train de fermer à ce moment-là) parce qu’il y avait une histoire de moustache chez les pompiers… Un signe de reconnaissance entre ell.eux…

Ouais, un peu de couleur ! Sur la caserne, c’est celui que je préfère.

 

En 2011, on nous collait des fausses pub; en 2012 Bien urbain s’affiche dedans… En 2013, ce sera quoi ? des pub 4×3 ? un avion avec une banderole ? Juste envie de dire, ne participez pas à l’agression publicitaire qu’on nous inflige tous les jours. Y’en a marre de la pub !

Et un truc super cool… La rencontre/discussion avec Jiem autour de son travail en Amérique du Nord sur l’art des Hobos et des cheminots qui peignent (à la craie) sur les trains de marchandises et la projection de son film documentaire “Diamonds and Rust”. Pour en savoir plus, y’a aussi son livre « Outside the box » franchement intéressant.

Par contre, autant j’ai trouvé tout ce travail  intéressant tant du point de vue historique qu’artistique, autant j’ai été un peu déçue par la façade que Jiem a repeinte à Besak… Encore une façade pleine de graff qui a disparu, au profit d’une « pub à l’ancienne »… Alors dans la discussion, on avait parlé de son intérêt pour les lettres à l’ancienne qu’on trouve sur les vieilles pub peintes à même les maisons (y’en a encore pleins en Franche-Comté), sur le travail du peintre, etc et j’entends tout ça (même si la pub, moi…) mais je ne comprends pas pourquoi repeindre une façade avec des graff et tags qui avaient déjà une histoire et ne pas utiliser des vieilles pubs toujours existantes pour jouer avec, les transformer, en faire quelque chose… Ici une photo d’une pièce de Momo pour Bien Urbain, en dessous, y’avait une vieille pub à la peinture délavée…

bien urbain 2012 - Jiem

Bref, sur Bien Urbain, je reste sceptique et toujours agacée de ne voir ni artistes bisontin.e.s alors que la ville regorge de gens talentueux, ni graffiti alors que c’est un élément clé de la rue, de l’art « urbain »…

*** accident de transfert oblige, il me manque certaines photos de choses qui ont été faites pendant Bien urbain (sculpture en ruban adhésif, peintures à la Bouloie, etc) – vous trouverez sûrement tout ça sur le site de Bien Urbain ou sur d’autres…

Ces tags et graffs, de l’art ou du vandalisme ?

Souvent, ils irritent. Parfois, ils séduisent. Les effacer systématiquement ? Et si c’était des oeuvres d’art ? Au service culturel de la Ville d’arbitrer. Aux propriétaires des murs de décider.

Pas un jour sans qu’un tag ou un graffiti n’apparaisse sur un mur angevin. De 5 h à 20 h, le service de propreté de la Ville est à pied d’oeuvre. « On est continuellement sollicité », assure ce responsable. Trois interventions par jour, en moyenne. Un hydrogommage, du sable projeté à haute pression, ou bien un simple coup de lingette si c’est du feutre, les agents lavent plus blanc que blanc. Toujours gratuitement, car, « ça fait partie de notre cadre de vie ».

« Si les inscriptions sont vulgaires ou injurieuses, on les efface très rapidement, affirme Gilles Mahé, l’adjoint en charge de la propreté. Mais on n’ira pas enlever un tag ou un graff sans l’accord du propriétaire du mur. On demande toujours avant d’intervenir. » D’autant plus depuis qu’un Angevin s’était lamenté de voir un graff effacé sur sa porte de garage.

« Nous avons été emportés par notre souci de propreté, concède Monique Ramognino, adjointe au patrimoine et à la culture. Nous considérions être en présence d’une dégradation de bien privé. Après effacement, c’était effectivement plus laid. C’est la réaction de ce propriétaire qui nous a incités à mener une réflexion, et à mettre en place un modus vivendi entre les services de propreté et l’action culturelle. »

Pour éviter d’effacer un nouveau Basquiat, artiste new-yorkais qui graffait sur les murs et qui aujourd’hui fait partie de l’histoire de l’art, la voirie, avant éventuellement d’intervenir, prend dorénavant des photos du graffiti et l’envoie au service de l’action culturelle. À Claudine Chevalier, chargée des arts plastiques, de décider alors, en lien avec le propriétaire, de garder ou non le tag ou graff : « Notre politique est de favoriser cette expression spontanée, de faire émerger les nouveaux artistes, mais aussi de respecter l’exigence des propriétaires des murs ».

Un équilibre à trouver qui nécessite aussi de la part de la Ville de réfléchir à l’aspect juridique. « Récemment, raconte Claudine Chevalier, un artiste a scénographié un abri bus, il a peint un salon, cétait très original. Mais nous avons dû lenlever car cet abri nous est confié par une entreprise privée. Dans ce cas, actuellement, nous sommes dans lobligation dintervenir. »

Ouest-France

Source: http://www.angers.maville.com/actu/actudet_-Ces-tags-et-graffs-de-l-art-ou-du-vandalisme-_fil-2013662_actu.Htm